Communication dispensée par Alessandro ARBO (membre du GREAM) dans le cadre du Colloque « Performance Analysis: a Bridge between Theory and Interprétation », à la Casa da Musica de Porto (Portugal), le 6 octobre 2016.
In a very general sense, a musical performance can be described as a kind of event that refers to a set of artistic intentions, and more specifically to a context of musical production and reception. An ontological analysis of a given performance allows us to understand how its meaning and value change according to the object it is supposed to create or instantiate. The term “ontology” as it is used here is taken to mean a reflection focused on the distinctive characteristics of what constitutes the main object of our attention in a musical experience. It should be noted that scholars who focus on the study of musical performance usually take as a model works from the classical and romantic repertoire that are governed by the notion of Werktreue. From this standpoint, two issues reveal themselves as being fundamental: 1) to identify and closely examine the deviations from the written score that the performer enacts; 2) to compare these deviations in order to explain the changes in taste in terms of interpretative practices as they have evolved over historical time, or in relation to the emergence of other artistic contexts (e.g. the various “schools” of violin or piano playing, the various techniques involved in playing the flute, etc.). However, the term “performance” has, in French as in English, a broader meaning and corresponds to musical practices that do not necessarily depend on notational systems, but which nevertheless characterize to a significant extent our current musical universe, i.e. improvisations, and oral or phonographic works. We will try to show to what extent ontology can help to clarify the role played by the performative act in this complex panorama.
En un sens général, une performance musicale peut être décrite comme un type d’événement qui en appelle à une intention artistique, ou plus spécifiquement à un contexte de production et de réception musicales. Une analyse ontologique nous permettra de comprendre dans quelle mesure sa signification et sa valeur varient en fonction de l’objet qu’elle est censée produire ou instancier. Par ontologie, il faut entendre ici une réflexion qui se concentre sur la manière d’être de ce qui constitue l’objet principal de notre attention dans une expérience musicale. Il faut remarquer que les chercheurs qui se sont concentrés sur l’étude de la performance musicale ont généralement pris comme paradigme de référence les œuvres de la tradition classico-romantique, régies par le principe de la Werktreue. Deux problèmes deviennent alors fondamentaux : 1) identifier et examiner la signification des déviations que l’interprète met en œuvre par rapport à ce qui est prescrit par la partition ; 2) comparer ce genre de déviations pour expliquer les changements de goût dans les pratiques interprétatives au fil du temps historique ou par rapport à des contextes artistiques donnés (les écoles pianistiques ou violonistiques, les modes de jeu de la flûte, etc.). Cependant, le terme « performance » possède, en français tout comme en anglais, une signification plus large, susceptible de correspondre à des pratiques musicales qui ne font pas nécessairement référence à une notation, mais qui caractérisent néanmoins dans une mesure importante notre univers musical actuel : improvisations, œuvres orales ou phonographiques. Nous chercherons à montrer dans quelle mesure une réflexion ontologique peut contribuer à l’éclaircissement du rôle joué par l’acte performatif dans ce panorama complexe.