Communication dispensée par Eric MAESTRI (membre du GREAM) dans le cadre de l'International Conference « Spectralisms », à la University of Oxford, le 16 mars 2017 à 15h00.
Dans cette communication nous aborderons l’analyse de Les nuages de Magellan (1973) du compositeur spectral Tristan Murail. Cette pièce pour instruments électriques et acoustiques (Ondes Martenot, guitare électrique et percussion) appartient à la première période de production du compositeur, marquée par des œuvres caractérisées par l’utilisation d’instruments électriques. Nous étudierons au niveau perceptif les aspects sonores émergentes de l’interaction entre les sons produits par les dispositifs électroniques et les sons produits par la percussion. Ce contact provoque l’apparition de gestes musicaux spécifiques : il détermine l’augmentation des dimensions de tels gestes et réduit la pertinence du référencement à l’agent humain de la sonorité. Nous interpréterons une telle confrontation à la lumière de la notion de technomorphisme, qui indique le processus par lequel l’action humaine et sa nature sont modifiées par l’utilisation des machines et notamment des ordinateurs. Une telle musique, et d’une manière plus générale, la musique spectrale, peut-elle être vue comme une forme de musique technomorphe ? Peut-on définir perceptiblement une telle dimension typiquement liée aux discours autour des dispositifs ? À partir de quel critère sonore ? Enfin, comment une telle interaction influence-t-elle la forme musicale ? Pour répondre à ces questions nous nous appuyons sur la distinction entre geste et texture proposée par Denis Smalley. Par une telle dichotomie méthodologique nous saisirons les caractères des composantes sonores perçues et le type de référencement à l’agent sonore.