Le 14 février 2014
de 09h00 à 18h30
Collège Doctoral Européen de Strasbourg
46 blvd de la Victoire, 67000 Strasbourg
Auditorium
Tram C/E/F arrêt Observatoire
Entrée libre
Journée d'études organisée par Nathalie HEROLD et Eric MAESTRI (membres du GREAM) avec le soutien du GREAM.
Comment penser l’expérimentation en musique et en musicologie ? Dans un texte paru pour la première fois en 1983 sous le titre « Die Krise des Experiments », Carl Dahlhaus aborde le concept d’expérimentation de la façon suivante :
Lorsqu’on reconnaissait le concept de l’expérimentation – ou plus précisément de l’expérimentation émancipée – comme un paradigme musical s’opposant au concept traditionnel de l’art et de l’oeuvre et pouvant ainsi devenir une catégorie fondamentale de la musique avancée des années 50 et 60, on montrait en même temps son affinité et sa parenté intrinsèque avec le concept de l’expérimentation scientifique, dans la mesure où, par un protocole d’expérience – une mise en jeu de matériaux et de méthodes – une hypothèse – celle qui suppose l’évidence esthétique de leurs résultats sonores – est mise à l’épreuve alors que les procédés dont l’oeuvre musicale résulte
restent en partie soustraits au contrôle et aux prévisions du compositeur. On peut donc sans exagération parler d’une forme de pensée expérimentale comme un principe dépassant les différentes disciplines.
Comme le souligne Dahlhaus, l’expérimentation en tant que « catégorie fondamentale de la musique avancée des années 50 et 60 » concerne d’une part la musique elle-même, tant du point de vue de sa composition que de sa performance. La création musicale possède en effet une importante dimension expérimentale, dans le sens où elle met en jeu une connaissance de type pratique et se fonde sur une forte imprégnation, de nature essentiellement sensorielle, avec l’objet musical. Dans un sens plus restreint, la dimension expérimentale de la musique tient également, à la suite de John Cage, à l’exploitation de procédés liés notamment à l’aléatoire, à la stochastique ou à l’électronique. D’autre part, comme le rappelle Dahlhaus, l’expérimentation consiste également en une démarche proprement « scientifique », susceptible d’être exploitée par la musicologie au sens large. Cette dimension expérimentale de la musicologie est le résultat d’un changement épistémologique de la discipline qui, de science essentiellement historique, s’est peu à peu ouverte à des disciplines plus familières à une approche de type expérimentale, telles que la psychologie, l’acoustique ou l’informatique, mais également la sociologie ou l’anthropologie. L’expérimentation, en musique comme en musicologie, marque ainsi une ouverture vers de nouveaux territoires, qui oblige à repenser les fondements esthétiques et scientifiques de la discipline musicale.
Destinée particulièrement aux doctorants et aux docteurs du GREAM, cette journée d’étude sera l’occasion de discuter la notion d’expérimentation, qui se situe au fondement même du projet du GREAM, en s’intéressant de façon critique aux objets qu’elle manie, aux méthodes auxquelles elle donne naissance et aux résultats
qu’elle apporte.