Le 17 mars 2017
de 08h45 à 17h30
Collège Doctoral Européen
46 boulevard de la Victoire, 67000 Strasbourg
Amphithéâtre
Tram C/E/F arrêt Observatoire
Entrée libre
Journée organisée par Camille LIENHARD, Abril PADILLA et Julie WALKER (membres du GREAM), avec la collaboration de Nathalie HEROLD (membre du GREAM) et le soutien du GREAM, le 17 mars 2017 au Collège Doctoral Européen (université de Strasbourg).
Bien que la délimitation de l’analyse musicale ait toujours été rendue problématique tant par ses liens interdisciplinaires au sein de la musicologie que par la multiplicité de ses formes, un substrat méthodologique singulier lui a néanmoins permis de définir son identité. Il s’agit non pas d’une méthode précise, mais d’une démarche qui, sans exclure a priori aucun aspect, ordonne la primauté de la musique elle-même sur tous les facteurs qui la conditionnent et vise ainsi à l’explication de ses structures propres.
Le contexte de la naissance de la musicologie, à la fin du XIXe siècle, conditionna favorablement l’émergence d’une telle démarche. De ses aspects intrinsèquement hybrides se dégagea l’assise d’un support concret : la partition. Chevillée au graphocentrisme qu’elle avait hérité de la philologie, l’analyse se plaçait alors au cœur du champ de la musicologie systématique défini par Guido Adler en 1885.
Depuis cette époque, la discipline fait face à deux types de mutations continues. Premièrement, l’extension de ses objets - nourrie par l’élargissement sociogéographique et historique des champs d’étude de la musicologie, d’une part, et par les apports de la création musicale, d’autre part - et deuxièmement, la multiplication des méthodologies, stimulée tant par le renouvellement des corpus approchés que par les évolutions épistémologiques et technologiques propres à la musicologie, aux sciences humaines et aux sciences en général.
L’une et l’autre de ces évolutions ont peu à peu rogné le statut hégémonique de la partition et conduit à sa remise en cause en tant qu’unique objet d’étude, par exemple par l’absence de partition écrite préalablement à l’acte musical (répertoire de tradition orale, musique électroacoustique, improvisation libre, etc.), par la nécessité de confronter la partition à une réalisation existante (les partitions aléatoires, les « musiques intuitives », les « œuvres ouvertes », etc.), ou encore par un intérêt centré sur la performance et l’acte musical en eux-mêmes. Ainsi, un nombre croissant de méthodes analytiques tend à s’en détourner pour mettre au point de nouvelles techniques d’investigation.
Que devient l’analyse quand elle dépasse la partition ? Le fait-elle par choix ou par nécessité méthodologique ? Les contours de cette journée se dessineront, en négatif, autour des approches analytiques qui n’utilisent pas le support de la partition - ou du moins, sans l’exclure entièrement, qui ne se fondent pas prioritairement sur lui -, qu’elles abordent une musique initialement écrite ou non.
Cette journée d’étude, qui s’adresse particulièrement aux doctorants et jeunes docteurs, vise à présenter un large éventail de perspectives relatives à l’émancipation de l’analyse au-delà du support qui l’a vu naître. Elle tend à interroger la définition ou la redéfinition de son statut disciplinaire, les délimitations de ses extensions récentes, son adaptation aux évolutions musicales, mais pose aussi les questions de son unité, de son caractère opérationnel et des conséquences de la multiplication et de la fragmentation de ses méthodes.
Les captations audiovisuelles des conférences ont été mises en ligne sur le site du GREAM.